Nelly Massera développe un ensemble d’oeuvres ancrées dans des réalités humaines qui placent le corps au seuil du réel. De cet écart de la représentation entre espace tangible et fictif ou fantasmé, émerge une esthétique du basculement dans un espace-temps suspendu. L'installation vidéo Nuit étoilée s'envisage ainsi selon un processus immersif et perceptif propre à faire vivre physiquement une situation transitoire. Car il s’agit en effet d’amener le regardeur à traverser progressivement les couches visibles et audibles d’un environnement où l’état de la reconnaissance est incertain, pour s’emparer de ce qui semble être promis - un espace que l’on pressent architecturé, naturel ou sauvage - dans une dynamique de vibration, de fluctuation, de tension et sommes toutes, de révélation fragmentée. En empêchant partiellement la vision, cette scène où se joue une quête de nouveaux repères entre apparitions et disparitions, impose dès lors un glissement instinctif, des réflexes de l’humain à ceux de l’animal, qui amenés ici dans les retranchements de l’obscurité, participent d’un régime du regard et du sensible poussé jusqu’au paroxysme de sa fragilité.

(Mickaël.Roy)