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residency during the french spring in Latvia


"The Shout"

Video installation, 2 screens, color, sound

“The Shout” est une installation vidéo qui se présente sur deux écrans face à face.
Elle a été réalisée en Lettonie à Karost , Ancien site militaire, lors d'une résidence (commissariat 'Petit écart") en partenariat avec Printemps français" et le centre culturel K@2 (créé en 2001, membre du réseau international Artfactories , il se veut à la fois un lieu d’intégration sociale dans le quartier et de création artistique contemporaine).

 

Histoire

La ville nouvelle militaire sort de terre entre 1895 et 1900 suite à la décision du tsar Alexandre III. Elle constitue le cœur du système de fortifications construit à la même époque (forts, batteries, canaux) sur un rayon de 6 kilomètres tout autour de la ville. Le nom Kara Osta, ou Karosta (port de guerre en letton) sera adopté à partir de la première indépendance de la Lettonie dans les années 1920.

Avec la cathédrale orthodoxe St Nicolas (1903), un palais, plusieurs grosses demeures en brique pr les officiers, et les barres d’habitation de l’époque brejnévienne, le centre monumental de Karosta est un résumé caricatural de la présence russe en Lettonie. 42% des 85.000 habitants (en 2007) de Liepaja sont en effet Russes, Biélorusses ou Ukrainiens.

Après la guerre, Karosta devient une base navale essentielle pour l’Armée rouge en mer Baltique. En 1994, date du départ des dernières troupes russes, le site de Karosta fait l'objet de nombreux pillages, les immeubles sont désossés et restent tels des fantômes aux yeux béants face à une nature florissante, mais neanmoins polluée, ce qui fait reculer les premiers investisseurs étrangers. La population majoritairement russophone est pauvre et vit dans des immeubles délabrés, le taux de chômage y est très élevé.
Karosta fait l'objet de nouveaux projets militaires, de nouveau logements... il est reconnu en Lettonie comme un lieu important de l’histoire et de la culture nationale et la culture reste en 2007 l’élément le plus visible du renouveau du quartier. L’Association pour la protection de Karosta (Karostas Glabsanas Biedriba, KGB) assure l’entretien et les visites du musée de la Prison de Karosta et des forts abandonnés.

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Il régnait sur ce territoire une forte tension
Le cri s'est imposé comme langage.
Le cri, comme pulsion ou selon sa définition “l’émission d'une voix forte et inarticulée, une plainte, un appel, une jouissance ou la voix propre à chaque animal”, me semblait être un acte essentiel et radical à faire surgir de ce territoire.

"Lʼacte de résistance, il me semble, a deux faces : il est humain et cʼest aussi lʼacte de lʼart.
Seul lʼacte de résistance résiste à la mort, soit sous la forme dʼune oeuvre dʼart, soit sous la forme dʼune lutte des hommes"

(Gilles Deleuze, "Quʼest-ce que lʼacte de création", la Femis,1987)

 

C'est l'expression d'une limite, d'une marge, celle du corps.
Je livrais mon idée, mon projet à des personnes acteurs de ce territoire. Certains y vivaient, d'autres y travaillaient ou défendaient une cause, je leur ai demandé de choisir un lieu sur ce territoire, pour crier.
Dans l'installation video se font face, successivement, les lieux choisis : vides puis occupés par les protagonistes silencieux.

Puis un cri est lâché.
Un homme en uniforme le déclenche. Ancien militaire de l'armée lettone il se retrouve employé comme guide et faux gardien d'une ancienne prison russe devenue un musée, où il fait revivre au public la terreur qui y régnait. Exutoire d'une mémoire dont on ne sait que faire, cette prison devient la scène de son cri. Déclenché par un coup de feu, il fend l'espace entre ces deux mondes, entre fiction et réalité.

Puis suivent :
Les enfants, ils prennent place dans les immeubles fantômes, se jouent du cri, des béances et des failles. Brigitta, militante écologiste, elle choisit les arbres, fait signe à ce site pollué. Dainis, elfe des bois et animateur dans le quartier, chemin faisant, crie. Astra , habitante et employée par le centre culturel K@2, a décidé d'aller crier dans les blockhaus allemands de la seconde guerre mondiale.

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